Vous avez été touché par l’inflation? Voici comment les obligations indexées sur l’inflation peuvent vous protéger

L’inflation au Canada et aux États-Unis reste modérée, et les taux d’intérêt demeurent près des niveaux historiques les plus bas. Pourtant, l’inflation peut toucher les investisseurs à revenu fixe.

Si, par exemple, le rendement de vos placements en instruments à taux fixe est de 4 % et que l’inflation est de 2 % en moyenne, votre rendement réel est de 2 % (4 - 2 %).

En revanche, il y a des choses que vous pouvez faire pour couvrir les effets de l’inflation ou même faire de l’inflation votre amie. Les obligations indexées sur l’inflation sont un moyen de placement populaire.

Comment les obligations indexées sur l’inflation peuvent-elles protéger votre bas de laine de l’inflation?

Le rendement des obligations indexées sur l’inflation est lié au coût des biens de consommation comme l’indice des prix à la consommation (IPC). Cela signifie que le capital de l’obligation et les paiements d’intérêts augmentent avec l’inflation, amortissant ainsi leurs effets sur votre investissement.

Supposons, par exemple, que vous décidiez d’acheter une obligation indexée sur l’inflation émise à 1 000 $ avec un coupon annuel fixe de 5 %. Si le taux d’inflation demeure inchangé, l’obligation vous rapportera des intérêts de 50 $ par année.

Toutefois, si l’IPC augmente de 2 %, le capital sera alors rajusté à 1 020 $ et le versement du coupon annuel que vous recevrez passera à 51 $. Lorsque l’obligation arrive à échéance, son capital sera rajusté en fonction de l’inflation.

Cela signifie que les obligations indexées sur l’inflation peuvent préserver votre pouvoir d’achat et ainsi surmonter l’un des plus grands inconvénients des obligations traditionnelles.

Les obligations indexées sur l’inflation sont généralement émises par des gouvernements souverains, et chaque pays leur donne un nom différent. Aux États-Unis, elles sont appelées « Treasury Inflation-Protected Securities (TIPS) » (titre du Trésor protégé contre l’inflation) et elles sont liées à l’IPC du pays. Au Canada, la banque centrale émet des obligations à rendement réel et les lie à l’IPC d’ensemble .

Mais les obligations indexées sur l’inflation sont plus qu’un simple outil de couverture contre la hausse des prix. Bien qu’elles soient classées comme des valeurs à revenu fixe, les obligations indexées sur l’inflation sont considérées comme une classe d’actifs distincte des actions et des obligations traditionnelles. En effet, leur rendement ne correspond pas à celui des actions ni à celui d’autres actifs à revenu fixe, ce qui en fait de bons choix pour la diversification et l’atténuation de la volatilité.

Que se passe-t-il en période de déflation?

Si les obligations indexées sur l’inflation sont une couverture contre l’inflation, devriez-vous vous inquiéter de ce qui se passerait en cas de déflation? En un mot, oui. Une baisse persistante des prix pendant la durée de vie d’une obligation indexée sur l’inflation constitue l’un des pièges de cet outil de placement. Si une tendance déflationniste se dessine, le capital rajusté sur l’inflation pourrait tomber sous sa valeur nominale. Par conséquent, le paiement d’intérêts serait fondé sur le montant le moins élevé rajusté sur la déflation.

Cela dit, certaines obligations indexées sur l’inflation des États-Unis offrent des planchers de déflation lorsque les obligations arrivent à échéance. Ces planchers servent de protection contre la déflation. Ainsi, un investisseur continuerait de recevoir la totalité du montant nominal à l’échéance même si la déflation entraîne le capital sous le montant nominal. Néanmoins, les paiements d’intérêts sont versés sur un capital rajusté sur la déflation. Cela signifie que ces types d’obligations indexées sur l’inflation peuvent être une garantie que vous ne perdrez pas votre capital initial en cas de déflation et vous pourriez même recevoir un capital encore plus élevé en période d’inflation.

Obligations traditionnelles ou obligations indexées sur l’inflation : comment décider?

Ce qui change la donne entre les obligations traditionnelles et les obligations indexées sur l’inflation est ce que l’on appelle le taux d’inflation au point d’équilibre : une mesure de l’inflation prévue fondée sur le marché. Ce terme désigne la différence entre le rendement d’une obligation nominale et celui d’une obligation indexée sur l’inflation ayant la même date d’échéance. Le taux indique comment les marchés anticipent les prévisions d’inflation.

Lorsque le taux d’inflation réel atteint le point d’équilibre, les rendements totaux d’une obligation indexée sur l’inflation et d’une obligation traditionnelle seraient à peu près égaux sur la durée de vie des obligations. Toutefois, si l’inflation réelle dépassait le point d’équilibre, les obligations indexées sur l’inflation surpasseraient alors les obligations traditionnelles et atténueraient les risques inflationnistes. À l’inverse, les obligations traditionnelles l’emporteraient sur les obligations indexées sur l’inflation lorsque l’inflation réelle est inférieure aux prévisions du marché.

Mais n’oubliez pas que le concept du point d’équilibre du taux d’inflation ne fonctionne que si vous détenez l’obligation jusqu’à son échéance. Si vous prévoyez détenir l’obligation sur une période plus courte que l’échéance, le taux au point d’équilibre ne vous fournira pas suffisamment de renseignements pour comparer les deux types d’obligations.

Si vous prévoyez vendre vos obligations avant l’échéance, leur valeur dépendrait de plusieurs facteurs, dont les taux d’intérêt en vigueur au moment de la vente. Vous devriez également tenir compte du cours du marché à la fin de votre horizon temporel. Par exemple, même lorsque l’inflation dépasse le taux au point d’équilibre sur un ou deux ans, les obligations traditionnelles continueraient de l’emporter sur les obligations indexées sur l’inflation si elles se négociaient à des prix plus élevés.

Coup d’œil sur les obligations à rendement réel du Canada

Bien que les obligations à rendement réel du Canada offrent une protection contre l’inflation, elles ont leurs propres limites. Contrairement aux obligations équivalentes américaines, les obligations à rendement réel n’offrent pas de plancher de déflation. Cela rend leurs détenteurs vulnérables à une perte en capital à l’échéance si la déflation persiste. Un autre piège réside dans leurs échéances généralement longues : certaines obligations à rendement réel s’étendent sur plus de 20 ans. Plus la durée jusqu’à l’échéance est longue, plus une obligation devient volatile lorsque les taux d’intérêt fluctuent.

La structure fiscale des obligations à rendement réel est un autre point à considérer. Toute rémunération liée à l’inflation sur le capital et les paiements d’intérêts sont imposés la même année, même si le capital n’est payé qu’à l’échéance. C’est pourquoi le fait de détenir des obligations à rendement réel dans un compte non enregistré pourrait causer des maux de tête sur le plan fiscal. En revanche, les détenir dans un compte enregistré élimine ces problèmes.

Un dernier point à retenir est de ne pas perdre de vue vos objectifs de placement au moment de choisir entre une obligation à rendement réel et une obligation traditionnelle. À l’instar des instruments d’obligation indexée sur l’inflation, les obligations à rendement réel constituent des outils de placement appropriés pour la diversification et l’équilibre du portefeuille. Par contre, elles ne sont pas conçues pour remplacer entièrement les actions ou les obligations traditionnelles. Si l’inflation vous préoccupe, une obligation à rendement réel peut servir de tampon. Toutefois, cette couverture pourrait se faire au détriment d’une plus grande volatilité.

Vous cherchez des conseils sur la façon de bâtir un portefeuille diversifié? Lisez notre article sur Bâtir votre portefeuille de placement.


Resources:

1 SEGAL, Troy. « Hedge Your Bets with Inflation-Linked Bonds », Investopedia, 21 février 2019. Sur Internet : https://www.investopedia.com/articles/bonds/09/inflation-linked-bonds.asp - axzz1RovBZV1x