Les investisseurs devraient-ils acheter des valeurs minières à nouveau?

Il n'existe pas de réponse simple, car l'exploitation minière est une industrie cyclique et un jeu risqué pour les investisseurs, particulièrement au cours des dernières années.

Une vérification rapide de l'indice minier mondial S&P/TSX des dix dernières années indique que, pendant n'importe quel cycle du marché, les valeurs minières peuvent entraîner des rendements élevés, mais aussi d'importantes pertes. Les valeurs minières ont connu une hausse rapide dans les années précédant la crise financière mondiale de 2008, puis ont augmenté à nouveau de 2009 jusqu'au début de 2011 alors que l'économie mondiale a effectué une remontée. La Chine, dont la consommation de métaux à l'échelle mondiale a dépassé 50 % en 2015 1, a été grandement responsable de la renaissance de l'industrie à la suite de la crise financière mondiale.

Cependant, la croissance économique de la Chine a ralenti depuis quelques années, tout comme la demande en marchandises. En janvier 2016, l'indice a chuté à moins de 40 $; il était donc inférieur à sa valeur au plus fort de la crise financière.

Depuis, l'indice a augmenté, se négociant à environ 67 $ au début du mois d'octobre 2017 (tous les prix actuels de l'indice et des actions mentionnés dans cet article sont en date du 2 octobre 2017), mais il demeure volatil.

Bien entendu, le secteur minier n'est pas monolithique — il est constitué de différents types de sociétés qui ont des modèles d'entreprises bien différents.

Les perspectives des minerais industriels (comme le fer, le cuivre et le charbon) s'améliorent habituellement avec la croissance économique mondiale ou la croissance de secteurs particuliers utilisant des produits métallurgiques ou minéraux précis, car cette croissance fait hausser le prix des marchandises. Les sociétés qui extraient des métaux précieux, comme l'or et l'argent, tirent généralement profit de l'incertitude économique.

Les investisseurs doivent également faire la distinction entre les petites et les grandes sociétés. Les grandes sociétés minières qui sont bien financées et diversifiées sont habituellement moins volatiles — à la fois pendant les hausses et les baisses — que les petites sociétés qui ont un nombre restreint de projets et qui se concentrent uniquement sur une ou quelques marchandises.

Toutes les sociétés minières font face à de dures décisions au moment d'investir dans des projets à forte intensité de capital qui ont de longues périodes de rentabilité; elles doivent également affronter un environnement réglementaire changeant et l'instabilité politique des régions où elles exercent leurs activités.

Les hausses et les baisses du secteur minier sont reflétées par la récente fortune de quatre sociétés minières canadiennes.

Teck Resources Ltd., basée à Vancouver (TSE : TECK.B), est une grande société minière diversifiée qui produit du charbon métallurgique, du cuivre et du zinc. Le cours de son action a chuté à moins de 4 $ lors de la crise financière mondiale, a grimpé au-dessus de 60 $ au début de 2011 et a baissé à moins de 5 $ au début de 2016. Il se situe maintenant à environ 27 $, le prix des marchandises principales de la société ayant connu une hausse.

La société Barrick Gold Corp., basée à Toronto (TSE : ABX), a vu ses actions passer de plus de 50 $ en 2011 à moins de 10 $ en 2015, le prix de l'or ayant chuté en raison de la faible demande et de l'accroissement de l'offre. Les actions ont maintenant remonté à environ 20 $.

Ce ne sont pas seulement l'offre et la demande qui influencent l'opinion des investisseurs du secteur minier. Il y a également un risque géographique pour les sociétés qui exercent leurs activités dans des régions éloignées partout dans le monde. Chaque pays a ses propres lois et sa culture et les changements de gouvernement peuvent parfois bouleverser les plans de développement et de production. Il n'est pas rare de voir de la volatilité pour les actions d'une société minière en raison d'un désaccord avec un gouvernement qui menace ses activités. Un exemple récent est la volatilité du cours de l'action de la société Eldorado Gold Corp., basée à Vancouver (TSX : ELD), alors qu'elle a menacé d'annuler ses projets en Grèce en raison des retards de délivrance de permis de la part du gouvernement.

Les actions du producteur de métaux précieux Tahoe Resources Inc., basé à Vancouver (TSX : THO), ont également été embourbées dans la volatilité cette année, puisque le gouvernement du Guatemala l'a empêché d'exploiter sa mine la plus importante, alors qu'avait lieu avec les communautés autochtones un processus de consultation ordonné par la cour.

Le dernier exemple illustre pourquoi les caisses de retraite et autres investisseurs institutionnels s'intéressent au rendement environnemental, social et de gouvernance (ESG) de l'industrie. Obtenir et garder un permis social pour exploiter une mine est essentiel dans les communautés où les sociétés minières exercent leurs activités, principalement en raison de leur forte empreinte écologique. Plus d'investisseurs veulent donc que les sociétés minières prennent des mesures concrètes pour réduire leurs déchets, leur consommation énergétique et leurs émissions, ainsi que pour contribuer au bien-être social et économique à long terme des communautés dans lesquelles elles exercent leurs activités.

Alors, est-ce le bon moment pour les investisseurs individuels d'acheter des valeurs minières? Il n'y a pas de réponse facile : chaque investisseur doit prendre cette décision.

Certains investisseurs croient que le pire est passé pour l'industrie et que les prix de la plupart des métaux se sont stabilisés compte tenu de la croissance économique plus forte de la Chine et de la force de l'économie mondiale dans son ensemble. Certains gestionnaires de fonds spéculatifs importants des États-Unis ont fait des paris sur des sociétés minières précises au cours des derniers mois, en particulier sur les producteurs d'or, étant donné le statut de valeur refuge de ce métal en périodes d'incertitude 2. Les investisseurs sont aussi intéressés par des marchandises, comme le lithium, qui sont utilisées pour fabriquer des batteries électriques pour le marché grandissant des véhicules électriques 3.

Pour les investisseurs qui veulent s'exposer au secteur minier dans le contexte d'un portefeuille très diversifié, les fonds communs de placement ou les fonds négociés en bourse du secteur minier peuvent être un bon choix. Quelques exemples de fonds négociés en bourse comprennent le iShares MSCI Global Metals & Mining Producers ETF (NYSE : PICK) et le iShares S&P/TSX Global Base Metals Index ETF (TSE : XBM).

Avant d'acheter une valeur minière, un fonds ou un fonds négocié en bourse, nous recommandons aux investisseurs de vérifier les autres fonds d'investissement ou indices globaux ou propres aux ressources qu'ils possèdent pour éviter une répétition indésirable des investissements dans le secteur. Cela est particulièrement vrai pour les investisseurs au Canada, étant donné que le secteur des matériaux compose plus de 10 % de la valeur de l'indice composé S&P/TSX.

Bref, pour les investisseurs qui veulent consacrer une partie de leur portefeuille aux valeurs minières ou aux fonds : faites vos recherches et soyez au courant des risques.

  1. La Chine a contribué à l'essentiel de la croissance mondiale de la consommation de métaux au cours des quinze dernières années. Voir le périodique : Groupe de la Banque mondiale. « Commodity Markets Outlook », avril 2017.
  2. Consulter, par exemple : KEIDAN, Maiya, Ptratima DESAI, et Barbara LEWIS. « Hedge funds be on bright future for metals », Reuters, 18 septembre 2017.
  3. Consulter, par exemple : BROWN, Ryan. « 'Speculative frenzy' over electric cars and battery tech as investors mull lithium futures », CNBC, 4 octobre 2017.